L'Éminence grise
Nouvelle édition revue et augmentée en 1948
Collection Leurs Figures
Gallimard
Parution
Mieux eût valu, pour la renommée du Père Joseph, que tels grands écrivains l'aient ignoré ; car s'ils ont contribué à le rendre populaire, c'est aux dépens de la vérité historique. À l'encontre des pamphlets romantiques de Vigny et de Michelet, L'éminence grise vient de trouver en Mgr Grente un défenseur très informé, qui en fait saillir les qualités réelles et l'étonnante activité.
Religieux de valeur, hautement apprécié dans son Ordre, où il exerça des charges importantes, le Père Joseph créa nombre de monastères, institua des missions dans toute la France, établit les Capucins dans le Levant, au Maroc, en Amérique, fonda une nouvelle congrégation, les Bénédictines du Calvaire, prêcha, écrivit en prose et en vers, fut un directeur d'âmes et un ascète.
Mais l'histoire a surtout retenu son rôle politique auprès de Richelieu. C'est lui qui prépara l'entrée à la cour du jeune évêque de Luçon, et qui, après sa disgrâce, obtint son retour et sa promotion de premier ministre. Quinze années dura, entre le cardinal et son confident, une collaboration assidue et confiante, scellée par le plus ardent dévouement au roi et au pays.
Le souci de la sécurité et de la grandeur de la France tient perpétuellement en alerte le Père Joseph. Quand Louis XIII et Richelieu, après avoir tergiversé, se sont enfin décidés à frapper, par le siège de la Rochelle, la rébellion protestante, il les soutient et stimule, comme il relève plus tard leur courage, lorsque, en 1636, les Espagnols déferlent dans la vallée de l'Oise et occupent Corbie.
Partout, ses démarches l'exposent aux brocards et aux risques ; des libelles injurieux l'escortent. Mais que lui importent les avanies de ses innombrables voyages, les calomnies de ses adversaires, la méfiance qu'éveillent la subtilité et la hardiesse dIe ses combinaisons! Sans ambition pour lui-même, mais enthousiaste et ferme en ses desseins, et fertile en expédients, il a consumé sa vie en faisant marcher de pair le soin des affaires publiques, son projet de Croisade, le progrès de l'expansion française dans le Levant, la direction spirituelle de ses Calvairiennes, et jusqu'à la rédaction du Mercure français et la composition, en cinq mille vers latins, d'un poème épique, la Turciade, qu'il écrivit au cours de ses randonnées.
L'éminence grise méritait le portrait, d'un dessin élégant et juste, où Mgr Grente vient de le faire revivre. Ce ne fut pas seulement une physionomie forte et pittoresque, il a été un des bons ouvriers du destin de la France.
Religieux de valeur, hautement apprécié dans son Ordre, où il exerça des charges importantes, le Père Joseph créa nombre de monastères, institua des missions dans toute la France, établit les Capucins dans le Levant, au Maroc, en Amérique, fonda une nouvelle congrégation, les Bénédictines du Calvaire, prêcha, écrivit en prose et en vers, fut un directeur d'âmes et un ascète.
Mais l'histoire a surtout retenu son rôle politique auprès de Richelieu. C'est lui qui prépara l'entrée à la cour du jeune évêque de Luçon, et qui, après sa disgrâce, obtint son retour et sa promotion de premier ministre. Quinze années dura, entre le cardinal et son confident, une collaboration assidue et confiante, scellée par le plus ardent dévouement au roi et au pays.
Le souci de la sécurité et de la grandeur de la France tient perpétuellement en alerte le Père Joseph. Quand Louis XIII et Richelieu, après avoir tergiversé, se sont enfin décidés à frapper, par le siège de la Rochelle, la rébellion protestante, il les soutient et stimule, comme il relève plus tard leur courage, lorsque, en 1636, les Espagnols déferlent dans la vallée de l'Oise et occupent Corbie.
Partout, ses démarches l'exposent aux brocards et aux risques ; des libelles injurieux l'escortent. Mais que lui importent les avanies de ses innombrables voyages, les calomnies de ses adversaires, la méfiance qu'éveillent la subtilité et la hardiesse dIe ses combinaisons! Sans ambition pour lui-même, mais enthousiaste et ferme en ses desseins, et fertile en expédients, il a consumé sa vie en faisant marcher de pair le soin des affaires publiques, son projet de Croisade, le progrès de l'expansion française dans le Levant, la direction spirituelle de ses Calvairiennes, et jusqu'à la rédaction du Mercure français et la composition, en cinq mille vers latins, d'un poème épique, la Turciade, qu'il écrivit au cours de ses randonnées.
L'éminence grise méritait le portrait, d'un dessin élégant et juste, où Mgr Grente vient de le faire revivre. Ce ne fut pas seulement une physionomie forte et pittoresque, il a été un des bons ouvriers du destin de la France.