Kentukis

Trad. de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
Le phénomène se propage rapidement aux quatre coins du globe. Tout le monde en parle, tout le monde veut en avoir un. Lapins, corbeaux, dragons… les kentukis sont de petits robots en forme de peluche, dotés d’une caméra et de trois roues mobiles qui leur assurent une certaine autonomie. Ils sont connectés au hasard à un utilisateur anonyme qui a acheté le droit de les habiter et qui peut se trouver n’importe où sur la planète. Voilà pourquoi ces créatures, qui errent désormais librement dans les maisons et les bureaux, ne sont pas complètement ino ensives : elles scrutent les conduites, enregistrent les conversations et interviennent constamment dans la vie des autres.
Ainsi, une retraitée de Lima peut suivre les mésaventures d’une jeune femme allemande et se réjouir ou s’inquiéter de son sort ; un garçon du Guatemala peut se lancer dans une aventure en Norvège et voir la neige pour la première fois ; un jeune Italien, père fraîchement divorcé, peut combler le vide laissé par son ex-femme. Les possibilités sont infinies mais pas toujours très claires : outre la curiosité et la tendresse, le dispositif suscite de nouvelles formes de voyeurisme, d’obsession, de sexualité et de danger.
Déployant une langue et un imaginaire que l’on compare à ceux de Shirley Jackson et de David Lynch, Samanta Schweblin emporte le lecteur dans une atmosphère hypnotique, aux frontières du thriller et de la science-fiction, et offre une histoire surprenante, sans point mort et radicalement contemporaine.

« Réflexion subtilement menée sur les effets pervers de l’invasion des nouvelles technologies dans nos vies, Kentukis questionne surtout les intentions profondes de leurs « maîtres » comme de leurs « êtres ». Jusqu’où pouvons-nous être voyeurs ? Avec quel plaisir accepte-t-on d’être vus ? [...] Schweblin mêle ici au réalisme littéraire des motifs puisés dans le genre horrifique, en se tenant habilement à la lisière du fantastique, pour amplifier les travers de l’usage immodéré des gadgets électroniques connectés et les craintes qu’il suscite. Magistralement dépeinte, sa vision d’un monde, à la croisée de George Orwell, d’Aldous Huxley et de la série La Quatrième Dimension, encourage à s’en tenir aux joies simples de la réalité quotidienne. »
Ariane Singer, Le Monde des Livres

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