Ivre joie
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Ce livre est le journal en deux volets (septembre-octobre d’une année 196., janvier-février de l’année suivante) des heures décisives de la vie d’un homme qui finira par tuer.
La première partie se compose d’une promenade dans Paris, d’un voyage dans le train Paris-Dieppe qui mène le narrateur vers Sylvie, ancienne maîtresse de son frère Bernard, des impressions de sa vie à la campagne près de la jeune fille, d’une visite à la foire du village. C’est surtout une description directe de tous les mouvements contraires de l’esprit humain, du jeu des interprétations.
Le deuxième volet du livre indique une même démarche profonde, sur un mode plus aigu. Mlle Peyme prend la place de Sylvie dans l’univers à fantasmes de plus en plus inéluctables du narrateur. Qu’il soit à sa table de travail ou dans sa chambre d’hôtel, il se sent poursuivi par elle, par son amant (Bernard?), par d’autres collègues. Pour se sauver, il retrouve des rites, des pensées, des actes, venus d’un autre âge et de la déraison, et il tuera, comme il avait violé.
Ce livre, au style très personnel, au rythme puissant, est un long cri, une longue marche, éclatante de mots, d’images lumineuses, d’ombres, de démentielles clartés. Il saisit le lecteur dans son mouvement, ses remous, l’y intègre, l’envoûte, le dépersonnalise, aux frontières d’un autre monde.