Ingres
. «Ce révolutionnaire-là»
Parution
Ingres, adorateur de la Grèce antique et gardien des traditions ; Ingres, membre influent de l’Institut et défenseur de la ligne en pleine tempête romantique ; Ingres durement critiqué, parfois haï, finalement admiré… En restituant avec brio soixante-dix années d’une époque mouvementée – de la Terreur au Second Empire –, Stéphane Guégan déconstruit l’image traditionnelle du peintre. Et montre combien il faut se méfier de son apparent classicisme, de sa vénération ostentatoire envers Raphaël, de son acharnement à triompher au Salon. La peinture d’Ingres – et pas seulement les nus voluptueux ou les portraits mordants –, déborde sans cesse les limites et les règles dont elle se réclame. Avec son sens aigu des détails et son modelé lisse, ses déformations anatomiques et ses teintes franches, avec ses corps érotisés à l’extrême, il est le peintre de l’excès plus que de la table rase. Par un travail obstiné – dès 1806, il voulut être pour les arts «ce révolutionnaire-là» –, Ingres a atteint une liberté de style unique, qui allait fasciner nombre d’artistes modernes.