Godilande ou Journal d'un mort

Dégagé par hasard de ruines lunaires le Journal d'un mrt, texte lacunaire que reconstitue et commente un honnête et interrogatif archéologue, relate avec innocence, étonnement et inquiétude la découverte que Boris Menilov, petit-fils d'un banni de la Terre, a faite, lors d'une mission diplomatique, du Grand Occident Fédéré – notre monde au futur – vers les années 2055, 2056. Arrivé à Godilande, la capitale, île flottante, il observe, note, interroge, cherchant à décrire cette civilisation hautement technocratique qui prône la liberté des corps dans une «fête» perpétuelle aussi policée qu'elle-même. Ainsi se trouve démonté le fonctionnement politique et économique de cette civilisation qui volontairement maintient à l'écart de tout progrès les «Sauvagies» dont les populations vivent par haute décision des «maîtres» dans l'arriération et l'exploitation. Boris fait l'inventaire éberlué de cette société planétaire qui lui donne l'impression de bonheur. Naïf il enregistre toutes les informations, voulant constituer une relation complète de ce monde «fictif» auquel Maurice Mourier donne une réalité critique très frappante.
Roman d'anticipation, de politique-fiction? Oui, anticipation de nos maux ; fiction ruineuse qui évide certains discours prétendument révolutionnaires ou progressistes.
C'est là, foisonnante et libre, une œuvre qui, traversée de grands songes, ne cesse de nous questionner. Maurice Mourier y confirme avec éclat et originalité ses dons de visionnaire.