Essai d'un discours cohérent sur les rapports de Dieu et du monde

Collection Les Essais (no1)
Gallimard
Parution
Dans cet ouvrage, conclusion logique de La trahison des clercs et de La fin de l'Éternel, l'auteur porte sur un plan métaphysique sa célèbre opposition entre «clercs» et «laïcs» ; elle devient l'opposition entre notre attachement à l'Être conçu sous le mode divin et notre attachement à l'Être conçu sous le mode phénoménal, entre notre attachement à Dieu et notre attachement au monde.
L'auteur commence par définir l'Être conçu sous la catégorie du divin ou de l'infini ; puis il nous montre l'Être fini apparaissant au sein de l'Être infini par une orgueilleuse séparation d'avec celui-ci ; l'évolution est alors le dramatique effort de ce rebelle pour assurer cette séparation, en créant au-dedans de lui-même, par des merveilles d'invention, des finis de plus en plus complexes et par là de plus en plus garés contre le retour à l'infini ; après la création de l'atome, de la vie, des formes supérieures de la vie, il atteint à l'apogée de sa victoire avec l'intelligence humaine et, par elle, déifie cette victoire. Mais voici qu'au sein même de cette intelligence apparaît, chez quelques êtres, la volonté de retour à l'lnfini. Dès lors le monde est déchiré entre sa volonté de s'affirmer dans le fini et celle de se nier comme tel, entre sa volonté laïque et sa volonté cléricale ; tous les conflits du monde reviennent à celui-Ià. Au plus, la volonté cléricale est un luxe, dont le monde s'est longtemps passé, et qui pourrait un jour disparaître.
En somme, l'auteur ne fait qu'étreindre dans sa plénitude logique l'idée selon laquelle le retour à Dieu ne saurait consister qu'en une totale aversion pour nos affirmations terrestres ; il ne fait que dénoncer dans toute sa conséquence la pensée de l'Imitation :«La grâce ne se communique pas à ceux qui gardent le goût des choses créées.» Une fois de plus, il attachera les hommes en les irritant, parce qu'il leur soumet un système de propositions, qu'au fond de leur cœur ils sentent irréfutables, en même temps que leur vouloir-vivre les oblige à ne pas les admettre.
Lire un extrait