Élisabeth

De ces dialogues – qui sont d'une vérité totale, de ces descriptions - rares et qui ont toujours la froide simplicité des indications d'une mise en scène, se dégage, page après page, quelque chose de vif et de mystérieux qui a le goût même de la vie des autres. Le lecteur est jeté au milieu d'êtres humains dont il ne sait pas le secret ; et qui ne savent pas bien eux-mêmes, sans doute, quel est leur secret. Mais l'auteur ne triche jamais : de ces gens, il ne nous dira rien d'autre que leurs propos et leurs gestes.
Et c'est sans doute un moyen valable et suffisant de connaissance, puisque les héros de Gilbert Cordier s'imposent à nous avec toute l'épaisseur de la réalité ; puisque leurs âmes, au hasard d'un mot, d'un regard, apparaissent soudain pour disparaître aussitôt, nous laissant dans cette éternelle incertitude, qui est celle même des rapports humains.
L'entreprise de Gilbert Cordier, qui est neuve, et audacieuse sous son apparente simplicité, ne peut laisser le lecteur indifférent.