Drôle d'histoire

Le 11 novembre 1940, lors de l'occupation allemande, un jeune étudiant, pacifiste d'idées et de tempérament, est pris dans une rafle, à Paris, alors qu'il venait de boire une tasse de chocolat chez un pâtissier-glacier. Envoyé en Allemagne, il aurait été à jamais oublié, mais on le relâche quelques heures après et le voilà, bon gré, mal gré, marqué du sceau de l'héroïsme. Sa famille, ses camarades, ses professeurs le prennent pour un farouche gaulliste. Que faire, sinon jouer le jeu? Il le joue donc, se trouve embrigadé dans un réseau de résistance, envoyé dans le Midi. Il passe en Espagne, puis à Gibraltar, puis en Angleterre. Là, il suit des cours d'espionnage, pour être ensuite parachuté en France, avec le grade de sous-lieutenant, chargé de missions secrètes. Il repasse en Espagne, en Angleterre, d'où il sera envoyé en Amérique comme conférencier, ce qui lui permettra d'attendre la Victoire, avec un grand V. Ce récit des aventures d'un héros malgré lui est conté sur un ton de bonne humeur et d'ironie qui n'exclut ni la finesse des observations – dont on décèle vite l'âpreté satirique – ni une sorte de nostalgie d'un véritable patriotisme et d'un véritable héroïsme que la réalité se charge de reléguer au magasin des accessoires. On rit souvent aux éclats au cours de ces pages, comme on a ri aux aventures du Caporal épinglé de Jacques Perret, mais derrière la cocasserie et l'humour, on sent la profonde vérité humaine de ce roman.