Contre-visite
Première parution en 1988
Collection Folio (no2422)
Gallimard
Parution
La contre-visite du docteur Didier, ce n’est pas la vérification d’un médecin ultra-scrupuleux ou d’un major soupçonneux. La journée de «visite» a été longue et parfois dure entre l’hôpital, le cabinet de banlieue, le dispensaire, le bidonville où vivent les gitans. Elle se demande toujours si elle a su comprendre la souffrance, atténuer la tristesse d’être seul, le malheur d’être deux et de ne plus s’aimer.
Ce n’est pas une «superwoman» en blanc, et quand elle rentre le soir, comme n’importe quel médecin, elle arrive souvent fatiguée. Alors, avec et contre sa lassitude, Marie Didier ouvre ce cahier de contre-visite intérieure. Elle fait comparaître avec ironie et douceur les visages rencontrés dans la journée, les Français moyens qui ont si peu de moyens, les Algériens qui en ont encore moins, les familles tsiganes, chassées par la police, les vieilles gens trop solitaires. Elle écoute à nouveau leurs confidences déchirantes ou parfois cocasses, leurs aveux surprenants ou leurs plaintes inattendues.
Elle fait comparaître aussi sans indulgence le docteur Marie Didier pour regarder se défaire l’image reconnue du médecin dévoué et sans faille, pour accueillir la force, la lumière dont certains de ses patients sauront lui faire don sans même qu’ils le sachent, pour chercher avec eux et pour eux, avec elle et pour elle, le geste exact.
A-t-elle su écouter ? A-t-elle su répondre ?
Oui, sans doute. Parce que ce journal des jours ordinaires de la vie des gens ordinaires est un livre ordinaire. Un livre éclairé d’une lumière juste, celle de l’intelligence du cœur.