Anne-Geneviève de Bourbon, duchesse de Longueville
Collection Hors série Connaissance
Gallimard
Parution
«Née en prison, reine de la société précieuse, ambassadrice, chef de parti, animatrice d’une vraie révolution, enfin, convertie au jansénisme, tenant tête à Louis XIV, triomphant du pape et des jésuites dans la bataille pour Port-Royal, la duchesse de Longueville, inspiratrice des héroïnes de Corneille, s’est imposée à l’admiration de son siècle si riche cependant en personnalités féminines de premier plan…
Elle fut fort belle de l’aveu général, usant de son charme pour faire triompher sa cause. Mazarin observe : «Mme de Longueville a tout pouvoir sur son frère… Elle voudrait le voir dominer et disposer de toutes les grâces… Si elle aime la galanterie, ce n’est pas du tout qu’elle songe à mal mais pour assurer des serviteurs et des amis à son frère.»
Condé fut un grand génie militaire, mais il n’avait point la tête politique, le seul homme d’État du parti des Princes fut Anne-Genevieve de Bourbon, duchesse de Longeville. Mazarin déclare encore : «Je connais au moins trois femmes capables de gouverner ou de bouleverser un grand royaume : Mme de Chevreuse, la princesse Palatine et la duchesse de Longueville…»
Ambition et amour ne font qu’un pour elle. D’amour elle n’en connaît qu’un seul aussi en dépit de ses amants ; Condé ne s’y trompait pas et devant le lit de mort de Mme de Longueville, le 15 avril 1679, il déclarait :
«Madame ma sœur n’aime que moi et moi je n’aime qu’elle.»
«Mme de Longueville dans sa délicate puissance est encore à peindre.» Le jugement de Sainte-Beuve reste toujours vrai.
Victor Cousin a bien tenté de faire l’ensemble du portrait mais son œuvre est demeurée incomplète, inachevée. En s’efforçant de ramener Anne-Geneviève de Bourbon au niveau des bourgeois du XIXᵉ siècle, il a singulièrement trahi et affadi l’âme tumultueuse et altière de cette princesse. Depuis, sous couvert de critique scientifique nous avons vu reprendre toutes les accusations sans preuve des R. P. jésuites, Rapin, Bouhours contre la protectrice de Port-Royal. Ici, on trouvera un ouvrage de bonne foi aussi documenté que possible, aux sources mêmes : Archives nationales, Archives des Condé à Chantilly… , etc. On y lira quelques pièces et plusieurs lettres inédites.
J’ai tenté uniquement, de comprendre et de faire revivre le rôle joué par une femme de génie, rôle singulièrement déformé par l’histoire officieuse ou par des panégyristes trop naïfs. Car Mme de Longueville c’est tout le XVIIᵉ siècle, d’avant l’asservissement de 1660, dans sa volonté de grandeur et d’héroïsme : la préciosité, la Fronde, le Jansénisme.»
Jacques Debû-Bridel.
Elle fut fort belle de l’aveu général, usant de son charme pour faire triompher sa cause. Mazarin observe : «Mme de Longueville a tout pouvoir sur son frère… Elle voudrait le voir dominer et disposer de toutes les grâces… Si elle aime la galanterie, ce n’est pas du tout qu’elle songe à mal mais pour assurer des serviteurs et des amis à son frère.»
Condé fut un grand génie militaire, mais il n’avait point la tête politique, le seul homme d’État du parti des Princes fut Anne-Genevieve de Bourbon, duchesse de Longeville. Mazarin déclare encore : «Je connais au moins trois femmes capables de gouverner ou de bouleverser un grand royaume : Mme de Chevreuse, la princesse Palatine et la duchesse de Longueville…»
Ambition et amour ne font qu’un pour elle. D’amour elle n’en connaît qu’un seul aussi en dépit de ses amants ; Condé ne s’y trompait pas et devant le lit de mort de Mme de Longueville, le 15 avril 1679, il déclarait :
«Madame ma sœur n’aime que moi et moi je n’aime qu’elle.»
«Mme de Longueville dans sa délicate puissance est encore à peindre.» Le jugement de Sainte-Beuve reste toujours vrai.
Victor Cousin a bien tenté de faire l’ensemble du portrait mais son œuvre est demeurée incomplète, inachevée. En s’efforçant de ramener Anne-Geneviève de Bourbon au niveau des bourgeois du XIXᵉ siècle, il a singulièrement trahi et affadi l’âme tumultueuse et altière de cette princesse. Depuis, sous couvert de critique scientifique nous avons vu reprendre toutes les accusations sans preuve des R. P. jésuites, Rapin, Bouhours contre la protectrice de Port-Royal. Ici, on trouvera un ouvrage de bonne foi aussi documenté que possible, aux sources mêmes : Archives nationales, Archives des Condé à Chantilly… , etc. On y lira quelques pièces et plusieurs lettres inédites.
J’ai tenté uniquement, de comprendre et de faire revivre le rôle joué par une femme de génie, rôle singulièrement déformé par l’histoire officieuse ou par des panégyristes trop naïfs. Car Mme de Longueville c’est tout le XVIIᵉ siècle, d’avant l’asservissement de 1660, dans sa volonté de grandeur et d’héroïsme : la préciosité, la Fronde, le Jansénisme.»
Jacques Debû-Bridel.