À tort ou à raison

Laurent Besson, à vingt-quatre ans, assiste à la débâcle de l'armée française. Après avoir échappé à la mort en quittant son tank en flammes, le voici dans un village abandonné. Il entre dans une maison qui n'est pas tout a fait vide : il ya une jeune fille, Agnès. Cette rencontre est capitale.
Alexis Choquaing a dix-sept ans. La défaite de 1940, pour lui, est l'aube d'une libération. Son tyranneau de père est prisonnier. Il s'enfuit du collège. Il va mener une vie aventureuse. Nous le verrons commis de librairie, placier, amant d'une jeune femme, intendant d'un domaine. Il est surtout dévoré d'ambition. Ce n'est pas, en dépit de tout, une âme vulgaire.
Cette ambition, qui conduira Alexis, par des chemins tortueux, presque au faîte des honneurs, fait tout à fait défaut à Laurent.
Pendant qu'il accomplit, sans pose et sans orgueil, ce que son honneur lui dicte, Alexis «réussit» comme on dit (à tort ou à raison). Un jour, beaucoup plus tard, ces deux destinées se croiseront, s'éloigneront, se recroiseront. Il y a peut-être entre elles – à tort ou à raison – un rapport secret, que le lecteur entreverra.
Il y a bien autre chose, dans ce roman de Claude Roy, que cette intrigue succinctement résumée : il y a beaucoup de personnages extrêmement vivants et vrais, il y a un tableau juste de la France entre 1949 et 1950, il y a beaucoup d'amour, beaucoup de générosité, et encore plus de poésie. À tort ou à raison est l'œuvre accomplie de la maturité d'un grand écrivain.