Homère
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Homère
L’Iliade et l’Odyssée sont les premières œuvres écrites qu’a produites la civilisation grecque aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C. D’emblée, elles ont fait l’admiration de tous pour devenir au long des siècles un véritable modèle, influençant les arts et les genres littéraires.
Homère, cet inconnu
Où et quand Homère est-il né ? A-t-il seulement existé ? Est-il réellement l’auteur de l’Odyssée ? Autant de questions qui restent et resteront sans réponses indiscutables, faute de preuves historiques, si bien qu’on en est réduit à faire des suppositions qui évoluent au fur et à mesure des siècles.
On s’accorde, la plupart du temps, pour raconter qu’Homère est né au VIIIe siècle av. J.-C., sans doute à Smyrne – une ville aujourd’hui turque qui se nomme Izmir. Mais six autres villes revendiquent sa naissance, dont Rhodes, Chio et Athènes…
L’histoire dit aussi qu’il était aveugle et qu’il devient aède.
Homère, héritier des aèdes
En Grèce, les aèdes étaient des poètes et musiciens. Ils allaient de cité en cité pour chanter en s’accompagnant d’une cithare, un instrument de musique à cordes. On rencontre deux aèdes dans l’Odyssée : Démodocos chez les Phéaciens et Phémios à Ithaque. Les aèdes étaient présents pendant les banquets et chantaient devant l’assemblée les aventures des héros grecs et des dieux que tout le monde autour d’eux connaissait. C’est pourquoi le texte de l’Odyssée est ponctué de vers ou de demi vers qui se répètent. Ces « vers-formules » étaient sans doute destinés à servir de points d’appui pour la mémoire des aèdes. De même, les hommes et les dieux reçoivent des épithètes qu’on dit « de nature » pour résumer leur caractère à l’aide d’un trait essentiel : « Athéna à l’œil étincelant », « Ulysse, le héros aux milles ruses », « Nausicaa aux bras blancs »… Mais la répétition des mêmes vers a une autre fonction : traduire une réalité qui elle-même se répète. Le lever du jour, la convocation d’une assemblée, le début d’une intervention… La régularité avec laquelle reviennent ces formules suggère un monde ordonné et stable.
Comment le texte d’Homère est-il parvenu jusqu’à nous ?
Au VIe siècle av. J.-C., le tyran Pisistrate qui règne sur Athènes et son fils Hipparque ordonnent aux rhapsodes – les artistes qui chantent les poèmes d’un autre – la récitation des textes d’Homère chaque année à la fête des Panathénées. C’est grâce à ces festivités religieuses, qui se tiennent tous les ans en l’honneur de la naissance d’Athéna, que le texte de l’Odyssée sera fixé pour la première fois par écrit et en vers. Mais ce n’est que bien plus tard, et dans une version sans doute très éloignée de celle d’Homère, qu’elle sera traduite en latin, d’abord, avant d’être diffusée dans toute l’Europe. La version qu’on a pris l’habitude de lire comporte vingt-quatre chants qui correspondent aux différents épisodes de l’errance d’Ulysse.
Extrait de Homère, « Le prince des poètes », d’Alexandre Farnoux