Mario Vargas Llosa (1936-2025)

« C’est à Paris que je suis devenu écrivain », aimait-il rappeler, lui qui s’était installé en France en 1959. Il y est repéré par la publication d’une nouvelle, Le Défi, avant d’être accueilli en 1966 dans la prestigieuse collection « La Croix du Sud » dirigée par Roger Caillois, avec un premier roman très remarqué, La Ville et les chiens. 

Baigné de culture littéraire et intellectuelle, il s’attachera dès lors, de livre en livre, à inscrire son œuvre dans deux grands courants de la littérature romanesque depuis le XIX^e siècle : la description scrupuleuse du fait social et politique et des forces antagonistes qui s’y exercent, mais aussi l’effervescence narrative et formelle qui donne à l’écriture toute sa force pour nous éclairer sur les constantes de l’âme humaine. Son œuvre est descriptive, critique et audacieuse. Elle exprime la beauté et l’espoir dans le chaos du monde tel que nous le ressentons.

Romancier des tyrannies, des servitudes et des émancipations, tout semble avoir fait œuvre chez Mario Vargas Llosa : ses engagements politiques, sa connaissance de l’histoire et du monde, confrontée à sa vie personnelle. L’édition de son œuvre dans la « Bibliothèque de la Pléiade » en 2016, aux côtés de Flaubert et Balzac, fut pour lui très importante, elle représentait l’espoir et le signe d’une confraternité entre écrivains et lecteurs.

Lorsque l’académie suédoise l’a couronné, elle a parfaitement résumé le sens de son travail littéraire en le récompensant « pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de la révolte et de la défaite de l’individu », comme on peut le découvrir en relisant La Fête au Bouc. 

Que nous trouvions tous consolation en relisant son œuvre.

© Éditions Gallimard