Un siècle NRF
. Iconographie commentée
Gallimard
Parution
«À peu près au moment où s’en va Hugo une «crise d’âme» accable les lettres françaises, et une crise de haine se prépare avec l’affaire Dreyfus. Qi va purger le goût français du décadentisme symboliste ? Qui va occuper une place telle qu’on puisse considérer que le XXᵉ siècle sera le sien ? De quel nom, de quelle école, de quelle illusion baptiser ce siècle de violences, de pourrissement des espérances, de massacres, d’exploitations éhontées, puis de développement exponentiel des techniques ? «Siècle NRF» ? Jean d’Ormesson le dit bien : la NRF n’est ni un auteur ni une œuvre, «c’est une collectivité littéraire». On ne peut pas nier qu’elle a été présente à tous les événements de son temps. […] Considérée comme une collectivité de création et de réflexion, elle n’a jamais déserté. Elle a accueilli Corydon, les premiers écrits d’Aragon, le Retour d’U.R.S.S., Sartre, Genet, le Céline de la seconde époque : il y avait de quoi dynamiter n’importe quelle maison d’édition. Mais elle était davantage : elle travaillait (et plus consciemment qu’on ne le croit dans l’esprit de GG) à devenir une légende. Elle deviendra à tout le moins une institution. Sans pour cela tourner à l’académisme. Est-il d’autres exemples d’une activité littéraire française qui dure depuis neuf décennies sans encourir le soupçon de vieillerie ? La NRF est restée aux aguets.»
François Nourissier.
François Nourissier.