Un fils dévoyé
Trad. de l'allemand par Raymond Barthe
Collection Éditions originales
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis
1997
Après quelques nouvelles et poèmes très remarqués outre-Rhin, voici le premier livre de Renate Rasp. Un fils dévoyé est une satire plutôt qu’un roman et comporte une parabole. Satire mordante et cruelle d’une certaine éducation, dans notre époque «technicienne». Quant à la parabole, nous la connaissons : le pédagogue agit en jardinier sur les êtres jeunes confiés à ses soins, il les développe, les forme, les «conduit» à sa guise.
Le fils dévoyé s’appelle Cunon, et c’est lui-même qui raconte la tentative hallucinante dont il est à la fois l’objet et le complice. Selon la volonté du beau-père, «l’oncle Félix», secondé par sa mère, Cunon reçoit une éducation tendant à le changer, tout simplement, en arbre. Arrivé à l’adolescence, il ne doit plus manger que des graisses végétales, absorber au contraire d’énormes quantités d’eau, exécuter des exercices gymnastiques spéciaux. Astreint à se taire, à souffrir en silence, à végéter, au sens propre du terme, à ne plus recevoir d’autres impressions que celles venues des saisons, de la nature, Cunon se prête à l’expérience de bonne grâce, même avec zèle. L’oncle Félix et sa mère veulent son bien, il n’en doute pas. À telle enseigne que l’idéal «arborescent» semble sur le point de se réaliser. Le jour de la plantation, lorsque Cunon est enterré dans un chaudron de cuivre, la maman s’exclame, joyeuse : «Dieu soit Ioué!» Hélas, ultérieurement, la transplantation du sujet, bien qu’on lui ait coupé les mains, s’avère un échec. Parents et éducateurs cessent alors de s’intéresser à lui.
À la fin nous trouvons Cunon, quinquagénaire, obèse, amorphe, hébété, ayant perdu toute notion du temps, dans un fauteuil à oreillettes. Victime parfaite de l’éducation, de l’adaptation forcée à un certain «idéal» : l’idéal de la soumission et du renoncement.
Le fils dévoyé s’appelle Cunon, et c’est lui-même qui raconte la tentative hallucinante dont il est à la fois l’objet et le complice. Selon la volonté du beau-père, «l’oncle Félix», secondé par sa mère, Cunon reçoit une éducation tendant à le changer, tout simplement, en arbre. Arrivé à l’adolescence, il ne doit plus manger que des graisses végétales, absorber au contraire d’énormes quantités d’eau, exécuter des exercices gymnastiques spéciaux. Astreint à se taire, à souffrir en silence, à végéter, au sens propre du terme, à ne plus recevoir d’autres impressions que celles venues des saisons, de la nature, Cunon se prête à l’expérience de bonne grâce, même avec zèle. L’oncle Félix et sa mère veulent son bien, il n’en doute pas. À telle enseigne que l’idéal «arborescent» semble sur le point de se réaliser. Le jour de la plantation, lorsque Cunon est enterré dans un chaudron de cuivre, la maman s’exclame, joyeuse : «Dieu soit Ioué!» Hélas, ultérieurement, la transplantation du sujet, bien qu’on lui ait coupé les mains, s’avère un échec. Parents et éducateurs cessent alors de s’intéresser à lui.
À la fin nous trouvons Cunon, quinquagénaire, obèse, amorphe, hébété, ayant perdu toute notion du temps, dans un fauteuil à oreillettes. Victime parfaite de l’éducation, de l’adaptation forcée à un certain «idéal» : l’idéal de la soumission et du renoncement.