Si peu que rien

Gallimard
Parution
Denis Marion fut de 1932 à 1940 le critique cinématographique de la Nouvelle Revue Française. En situant son premier roman dans le milieu du cinéma français à la veille de la guerre, il a évoqué un monde qu'il connaissait bien et dont les milliers de spectateurs qui se pressent toutes les semaines dans les salles obscures savent encore très peu de chose, en dépit de leur insatiable curiosité. En un certain sens, Si peu que rien est l'histoire de la réalisation d'un film : depuis le moment où sa conception a germé dans le cerveau de son créateur jusqu'au jour de sa projection publique. Les préoccupations artistiques, financières, politiques, commerciales et industrielles y jouent chacune leur rôle comme dans la réalité et elles n'en composent pas moins une histoire qui se lit avec autant d'intérêt qu'un roman d'aventures.
Les personnages appartiennent à une espèce qui se rencontre moins fréquemment dans la littérature que dans la vie : leur métier leur prend beaucoup plus de temps que leurs amours, les soucis d'argent leur empoisonnent l'existence et ils se définissent par ce qu'ils font et non par ce qu'ils éprouvent. Et cependant, le protagoniste, Georges Falgarde, fait figure de héros d'une chanson de geste moderne. Si peu que rien magnifie, à travers la banalité et les compromissions de la vie quotidienne, l'application infatigable et l'indomptable résolution qui seules parviennent à faire triompher de tous les obstacles la volonté humaine.