«Les paresseux qui ne voient de l’univers que le désordre apparent consignent leurs observations dans l’ordre alphabétique. Ceux qui vont plus loin, cherchant l’ordre de l’univers ou s’efforçant d’y en mettre, se sont toujours bien trouvés, un moment ou l’autre, de l’ordre alphabétique. Aussi, quelle que soit ma référence, ai-je décidé que cet ordre-là commanderait les chapitres, morceaux, pièces, couplets, thèmes, apostrophes, chants, tirades et mouvements divers qui vont suivre.»
C’est ainsi que Jacques Perret nous présente ces Salades de saison où, sous des titres à l’apparence inoffensive ou surprenante, sont groupées des pensées, des idées, des observations qui touchent à tous les aspects de la vie actuelle, et enchantent autant par leur variété et leur profondeur que par leur ton de polémique primesautière.
Il est peu de manifestations de la bêtise, de l’injustice, du désordre général, contre lesquelles Jacques Perret ne s’insurge dans ce livre, avec une rage mâtinée de bonne humeur. Son indépendance de jugement et son non-conformisme s’étendent même à l’alphabet, car l’ordre de son dictionnaire ne tarde pas à être bousculé : ablette, abricot, Alcibiade, artichauts, Coca, génocides, tomate, vandalisme, espèces, timbres, standard, etc.
Et le lecteur le remarque à peine, tant il est gagné tout de suite par «l’ordre» profond de la pensée de Jacques Perret. Après Bâtons dans les roues et Cheveux sur la soupe, qui avaient inauguré un cycle de chroniques d’une saveur inégalable, voici ces Salades de saison, que Jacques Perret présenterait volontiers comme un «hommage à la vinaigrette»!