Quatre élégies de printemps

Poèmes de circonstances. Mais, depuis six ans, les «circonstances» où le poète va trouver son inspiration particulière sont celles où toute l'humanité se défait, se fait, s'engage. Et le poète n'est qu'un homme parmi d'autres, avec eux embarqué, compromis dans l'histoire de son temps ; et si les voies de cette histoire sont dures à suivre, difficiles à connaître, il reste au poète l'instrument du verbe pour faire de temps à autre le point. Et des étoiles sur qui viser : ses morts.
Conscience approchée de sa propre mort (1ᵉ et 2ᵉ Élégies) à la veille ou au cœur d'un premier combat ; conscience claire des camarades qui sont tombés, obscure de ceux qui sont avec lui, dans le combat dandestin, menacés, puis perdus (3³ et 4³ Élégies). Par ondes successives et du même centre noir, le champ de cette conscience va s'élargissant. La guerre, qui n'était au début qu'une aventure personnelle, est vécue ensuite comme l'aventure de quelques-uns, d'un groupe d'élection, puis de tout un peuple qui y participe. Or participation est amour (5ᵉ Élégie).
Au bout de ces six ans, après un premier baisser de rideau, le poète se recueille déjà aux aguets des trois prochains coups

Et souviens-toi, mon cœur, ne renie rien.