Petit traité sceptique sur cette commune façon de parler : «N'avoir pas le Sens commun»
Édition et postface de Lionel Leforestier
Parution
Héritier et disciple de Montaigne, magistrat qui professait «une aversion naturelle» pour la jurisprudence, voyageur curieux des cultures et mœurs étrangères, lecteur omnivore, François de La Mothe Le Vayer (1588-1672) fut longtemps un grand seigneur indolent qui suivait sa seule inclination vers le plaisir. «Honnête homme et bonnes mœurs, soutenait-il, ne s’accordent pas ensemble».
Il n’avait pas, à quarante ans, publié le moindre ouvrage, se retrouva sur le tard, et comme incidemment, précepteur de Monsieur, puis du jeune Louis XIV, écrivit un Hexameron rustique longtemps mis à l’index pour son indécence. Devenu intarrissable, il publia, outre un Dialogue sur les rares et éminentes qualités des Asnes de ce temps un ensemble de Petits traités - dont certains rassemblés sous le titre «La Promenade» - et une suite de «Dialogues faits à l’imitation des anciens» sous le pseudonyme d’Orasius Tubero.
Le lecteur trouvera dans les pages de ce sceptique intransigeant un antidote salutaire aux pseudo-évidences et à l’universalisme creux qui cimentent l’unanimisme médiatique d’aujourd’hui. Car le «voluptueux incrédule» ne se pose pas seulement la question de la nature du sens commun, mais celle aussi de savoir s’il existe des réalités plus substantielles, finalement, que de pures, de multiples, de contradictoires «façons de parler».