Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann

(1897-1900)
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Les Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann ont paru, en 1901, à la «Revue Blanche». Ce livre, le premier qu'ait publié Léon Blum, est réédité aujourd'hui dans son texte initial : pas un mot n'a été changé, pas un commentaire ne s'est trouvé nécessaire. Nous sommes même certains que le lecteur sera frappé, presque à chaque page, par l'actualité du livre, par le relief que lui confèrent les circonstances présentes.
Pour développer à son aise des idées nouvelles, Léon Blum avait repris la forme d'une œuvre classique. Aujourd'hui, la forme seule risque de dérouter. Les Conversations de Goethe avec Eckermann ne sont plus présentes à toutes les mémoires. Les idées, au contraire, sont en pleine lumière. On retrouvera, tout au long du livre, cette foi dans le progrès humain, ce désir passionné de justice sociale, qui guident toute l'action de Léon Blum et apparaissent aux yeux de tous les témoins de son effort.
Ce livre montre aussi la clairvoyance des vues de Léon Blum. Le temps a ratifié les jugements qu'il portait il y a trente-six ans ; l'avenir a justifié ses prévisions et ses espérances. Mais nous y voyons, plus encore que le témoignage de sa lucidité et de sa constance, la synthèse même de son caractère. On s'est plu quelquefois à opposer Léon Blum, littérateur né, à Léon Blum politicien socialiste. On a voulu séparer ces deux incarnations, distinguer dans sa vie deux périodes bien distinctes, sinon même contradictoires. En lisant les Nouvelles conversations, on comprendra l'unité profonde de son œuvre.
La critique des livres et des pièces de théâtre, la critique des mœurs et des institutions sociales, se rattachent toujours aux mêmes principes, à la même philosophie. La critique, pour Léon Blum, n'est pas une œuvre froide, négative ou pessimiste. Elle est une analyse lucide et rationnelle, parce qu'elle ne s'embarrasse jamais d'aucun préjugé. Elle est surtout un apport humain et constructif, parce qu'elle rejette toute injustice et toute obscurité, parce qu'elle défriche la voie nouvelle courageusement et inlassablement.