Les belles morts

Quand nous lisons une biographie, ne courons-nous pas tout de suite aux dernières pages? La mort juge l'homme. Elle juge aussi une époque. Voyons comment nos aïeux du XVIIᵉ siècle accueillaient leur mort, et nous saurons quels chrétiens c'étaient. Ils la préparaient, ils en faisaient d'avance la répétition ; une fois venue, ils la traitaient comme une action de leur vie, la plus grave et l'ultime.
Les huit récits, peu connus, rassemblés par Pierre Pascal sont empruntés à des Vies authentiques du temps. Ils ont la candeur, la brutalité parfois, le charme toujours, du langage désuet ; dans leur simplicité, ils atteignent aussi au sublime. On a laissé de côté les hommes exceptionnels pour choisir des types plus rapprochés de la moyenne : un laboureur de Savoie, un supérieur de congrégation séculière, une duchesse, un missionnaire aux îles de Grèce, une dame du monde parlementaire, un Normand homme d'œuvres, un gentilhomme breton, un vieux moine bénédictin. Le tableau d'ensemble en est plus véridique.
Faire ainsi le tour des conditions et des provinces à propos des Belles morts, c'est pénétrer bien plus avant que par les œuvres littéraires et historiques dans l'âme (et même dans les coutumes et pratiques curieuses) du grand siècle. C'est surtout puiser dans son trésor étonnant de Foi et de Raison des motifs toujours nécessaires de consolation et de courage, des leçons toujours nécessaires de sérieux chrétien.