Le Monde gothique
Le siècle des cathédrales
(1140-1260)
Avec la collaboration de Jacques Henriet
Gallimard
Parution
Au cours des cent années qui séparent la construction du chœur de Saint-Denis et celle de la Sainte-Chapelle, la modernisation de l’art de bâtir fut accélérée par une série ininterrompue d’innovations. La préparation des projets fut modifiée par l’introduction des dessins et des épures ; la division du travail sur les chantiers fut réorganisée ; les matériaux de construction furent standardisés et taillés en série. Pour élever les charges nécessaires dans des édifices toujours plus haut, on inventa de nouveaux engins ; pour consolider les piliers toujours plus sveltes, les réseaux des fenêtres et les roses toujours plus minces, on employa le fer. Ce fut une véritable révolution industrielle.
Toutes ces innovations matérielles sont mises au service de visées spirituelles. Dans la dramaturgie des cathédrales, raison et mystique sont méthodiquement et indissolublement associées. On amincit les parois et on agrandit les fenêtres pour prêter aux saints et à leur légende une splendeur mystérieuse grâce à l’éclat des vitraux. L’intérieur des églises gothiques semble de ce fait empli de lumière surnaturelle et comme enclos dans une enceinte de pierres précieuses. Dans ces édifices resplendissants, on dispose les châsses et les reliquaires des saints, pour qu’ils puissent s’offrir aux regards des fidèles, plus glorieux et plus éclatants qu’auparavant : gloriosius adventantium obtutibus et conspicabilius, écrivait l’abbé Suger de Saint-Denis. L’art gothique tend à une nouvelle vision du sacré.
Aux yeux de la postérité, les cathédrales gothiques ont été les seuls édifices médiévaux qui puissent se comparer aux sept merveilles de l’Antiquité. Dans les labyrinthes de Reims, Amiens, Chartres et Orléans, les maîtres d’œuvre gothiques devenaient les émules de Dédale, l’architecte du roi de Crète Minos.
Toutes ces innovations matérielles sont mises au service de visées spirituelles. Dans la dramaturgie des cathédrales, raison et mystique sont méthodiquement et indissolublement associées. On amincit les parois et on agrandit les fenêtres pour prêter aux saints et à leur légende une splendeur mystérieuse grâce à l’éclat des vitraux. L’intérieur des églises gothiques semble de ce fait empli de lumière surnaturelle et comme enclos dans une enceinte de pierres précieuses. Dans ces édifices resplendissants, on dispose les châsses et les reliquaires des saints, pour qu’ils puissent s’offrir aux regards des fidèles, plus glorieux et plus éclatants qu’auparavant : gloriosius adventantium obtutibus et conspicabilius, écrivait l’abbé Suger de Saint-Denis. L’art gothique tend à une nouvelle vision du sacré.
Aux yeux de la postérité, les cathédrales gothiques ont été les seuls édifices médiévaux qui puissent se comparer aux sept merveilles de l’Antiquité. Dans les labyrinthes de Reims, Amiens, Chartres et Orléans, les maîtres d’œuvre gothiques devenaient les émules de Dédale, l’architecte du roi de Crète Minos.