Le Régent

Première parution en 1938
Collection Folio histoire (no6)
Gallimard
Parution
Le Régent a été cruellement traité par ses contemporains et par l'Histoire. Aujourd'hui encore, les partis les plus opposés s'accordent pour lui jeter l'anathème. Les uns le voient comme un Sardanapale, symbole des vices de l'ancien régime. Les autres maudissent en lui le héraut de la Révolution.
Philippe d'Orléans reçut de la nature tous les dons propres à faire un grand souverain et un grand homme, mais subit deux malheurs. Le premier fut qu'il naquit parmi ces cadets royaux dont les qualités semblaient autant de menaces pour l'unité du royaume, le second, que les calomniateurs ligués contre lui pendant sa jeunesse avaient réussi à le déshonorer au moment où il dut, presque à l'improviste prendre en mains les destinées de la France.
Son règne, pendant lequel la trahison et la haine ne cessèrent de le poursuivre, connut des problèmes dont notre siècle cherche encore la solution : il vit naître l'entente cordiale et la question franco-russe, le crédit et le papier-monnaie, l'inflation et la banque d'État, la puissance des financiers et celle des philosophes, l'enseignement gratuit et le goût généralisé du bien-être. Il amena, selon le mot de Michelet, «une création, une révélation et une révolution».
À cette croisée des chemins où se trouvait son pays, le Régent s'efforça, sans y parvenir toujours, de découvrir la bonne voie. Son honneur est d'avoir su, au prix de sa popularité, épargner la guerre civile à la France, la guerre générale à l'Europe.
L'histoire de cette période brillante et troublée a été travestie dès le XVIIIᵉ siècle par les légendes partisanes. L'ouvrage qu'on va lire rompt maintes fois avec la tradition. Il présente sous un jour nouveau une galerie de portraits qui, de Louis XIV à Dubois, de Mme de Maintenon à la Parabère, compose une fresque mouvante et colorée. Il s'applique surtout à dégager le vrai visage d'un prince généreux, séduisant et... détesté, le vrai climat d'une époque où le tumulte voluptueux des fêtes galantes se mêla aux premiers grondements de la Révolution.
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