Le Mythe de Pénélope

Collection Les Essais (no31)
Gallimard
Parution
Dans l'Odyssée, Pénélope vit dans la solitude, une «solitude non pas cherchée, mais acceptée ; ni voulue, mais choisie». Elle vit aussi dans le silence : «La parole est le corps de la pensée : se dépenser en paroles serait aussi grave pour elle que de livrer son corps.» Que signifient cette solitude et ce silence? «Pénélope s'est figée en une statue qu'il faudrait, pour la ranimer, réchauffer longuement au feu d'un symbolisme qui nous échappe.» C'est ce symbolisme qu'Alain-Peyrefitte réinvente ici et propose à notre réflexion. La fidélité de Pénélope consiste essentiellement à garder, «en dépit du temps et de chacun, confiance dans l'avenir, dans les dieux, dans l'amour d'Ulysse pour elle et peut-être dans une obscure puissance d'attraction de son amour pour lui». Confiance agissante, concertée, défendue âprement, «offensive», car si Pénélope espère le don des dieux, «elle sait bien que c'est à elle de s'en emparer». Confiance aussi en l'homme – pourtant méprisable par sa révolte, sa méfiance, son mensonge – qui fait que sa confiance dans le retour d'Ulysse ne fait qu'un avec sa confiance en Ulysse. Ainsi l'Odyssée est-elle l'histoire de la rédemption, du salut d'Ulysse le méfiant par Pénélope la confiante.