Le Mot peint
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Léo Lack
Collection Les Essais (no205)
Gallimard
Parution
Après Le Gauchisme de Park Avenue, Tom Wolfe s’en prend cette fois au «chic» en peinture. Peu importe ce que fait l’artiste, nous dit-il, ce qui compte, c’est que les prophètes et magiciens de la critique snob en disent du bien. Le mot a peu à peu dévoré l’art. Le processus a commencé au tournant du siècle lorsque toute une élaboration de théories, en révolte contre l’esprit bourgeois, l’art académique et le réalisme du siècle passé, engendra le surréalisme, le fauvisme, le cubisme, l’orphisme, le suprématisme, le vorticisme, etc.
Mais il s’agit moins là d’une satire de la peinture moderne que d’une plaisante mise en boîte de la littérature qui fleurit autour d’elle. Pour les grands sorciers de la critique, la seule chance de salut, c’est de ridiculiser toute peinture susceptible de flatter un œil humain normalement constitué. De Po en Op, d’Abstraction perceptuelle en Abstraction postpicturale, de Perceptionnisme en Conceptualisme, en passant par l’Art minimal, les théoriciens et leurs victimes se livrent à une course de vitesse où les modes sont lancées les unes à la droite des autres, à coups de publicité, au nom de la toute-puissance du Verbe.