Lait et miel
Trad. de l'allemand par Raymond Barthe
Collection Éditions originales
Gallimard
Parution
«La terre coulante de lait et de miel», voilà une des locutions bibliques qui émaillent, bien plus que le français, la langue de Goethe. C'est à la fois la Terre promise et le pays de cocagne.
Dans un premier roman (Simplicius 45), Heinz Küpper avait évoqué son pays à l'heure du cauchemar nazi et de l'apocalypse. Cette fois-ci, il nous le montre à l'heure de l'opulence, au lendemain du fameux «miracle allemand», et ce n'est guère pour en tirer vanité.
Certes, en Allemagne de l'Ouest comme ailleurs dans le monde dit occidental, les fléaux que recouvraient autrefois les mots misère, maladie, chômage, prolétariat ont perdu beaucoup de leur virulence. Comment se fait-il cependant que la manne leur devienne glu, la Terre promise un désert, la corne d'abondance une boîte de Pandore? De nouveaux fléaux s'en répandent, dont le plus terrible est la solitude emmurant l'individu.
Le romancier prend pour point de mire une puissante entreprise industrielle en Rhénanie, les usines Faberbein, et la multitude d'êtres qui la peuplent, en vivent, ou gravitent autour d'elle, dans la même dépendance à l'égard de la réalité sociale, liés entre eux des mêmes liens atrocement superficiels. Parmi eux, deux personnages sont promus au rang de protagonistes. Ils se nomment Fritz Wolfgarten et Irène Luckow. Fritz, entré comme apprenti chez Faberbein, y est maintenant le chef du personnel (quelque 1 800 ouvriers et employés). Irène fait partie de ces derniers, petite secrétaire parmi tant d'autres.
Le tragique de la vie et de la mort d'Irène, de son idylle avec Fritz, voire du roman tout entier – si modernes et originaux qu'en soient forme, style et langage –, l'auteur l'accentue par l'introduction d'une sorte de coryphée de tragédie antique. Apparaissant sous le nom abrégé de QU. (Questionneur? ou Qualunque : monsieur Toute-le-Monde?), tantôt il présente les événements, tantôt il les commente, tantôt il ouvre le dialogue avec les personnages, les interrogeant, suscitant et guettant leurs réactions et, toujours, s'il parvient à établir un lien entre eux, à les arracher un instant à leur solitude et à leur désarroi, il doit pour finir les y abandonner.
Voici un livre mince de format mais riche de substance, de violence, de révolte.
Dans un premier roman (Simplicius 45), Heinz Küpper avait évoqué son pays à l'heure du cauchemar nazi et de l'apocalypse. Cette fois-ci, il nous le montre à l'heure de l'opulence, au lendemain du fameux «miracle allemand», et ce n'est guère pour en tirer vanité.
Certes, en Allemagne de l'Ouest comme ailleurs dans le monde dit occidental, les fléaux que recouvraient autrefois les mots misère, maladie, chômage, prolétariat ont perdu beaucoup de leur virulence. Comment se fait-il cependant que la manne leur devienne glu, la Terre promise un désert, la corne d'abondance une boîte de Pandore? De nouveaux fléaux s'en répandent, dont le plus terrible est la solitude emmurant l'individu.
Le romancier prend pour point de mire une puissante entreprise industrielle en Rhénanie, les usines Faberbein, et la multitude d'êtres qui la peuplent, en vivent, ou gravitent autour d'elle, dans la même dépendance à l'égard de la réalité sociale, liés entre eux des mêmes liens atrocement superficiels. Parmi eux, deux personnages sont promus au rang de protagonistes. Ils se nomment Fritz Wolfgarten et Irène Luckow. Fritz, entré comme apprenti chez Faberbein, y est maintenant le chef du personnel (quelque 1 800 ouvriers et employés). Irène fait partie de ces derniers, petite secrétaire parmi tant d'autres.
Le tragique de la vie et de la mort d'Irène, de son idylle avec Fritz, voire du roman tout entier – si modernes et originaux qu'en soient forme, style et langage –, l'auteur l'accentue par l'introduction d'une sorte de coryphée de tragédie antique. Apparaissant sous le nom abrégé de QU. (Questionneur? ou Qualunque : monsieur Toute-le-Monde?), tantôt il présente les événements, tantôt il les commente, tantôt il ouvre le dialogue avec les personnages, les interrogeant, suscitant et guettant leurs réactions et, toujours, s'il parvient à établir un lien entre eux, à les arracher un instant à leur solitude et à leur désarroi, il doit pour finir les y abandonner.
Voici un livre mince de format mais riche de substance, de violence, de révolte.