L'animal que je ne suis plus
Première édition
Parution
Plus personne ou presque ne doute aujourd’hui de notre origine animale. Elle est ce qu’on appelle un acquis scientifique. C’est une chose pourtant de savoir que nous provenons de l’animal ; c’en est une autre de se réapproprier ce savoir pour en faire l’objet d’une véritable expérience de pensée.
Il se trouve en effet que nous ne savons dire cette origine qu’en des mots ou trop humains – l’homme comme être humain – ou trop naturels – l’homme comme animal humain. D’un côté l’humanisme donne tout à l’homme : la Pensée ou la Raison, la Socialité ou la Technique, autrement dit des qualités absolues, qui font d’emblée de l’homme un être hors nature ou métaphysique. D’un autre côté nous savons, par toute la science qui est aujourd’hui la nôtre, que nous sommes une espèce advenue et même tard venue dans l’histoire de la nature. Entre l’humanisme qui est spontanément le nôtre en tout langage, et le naturalisme avéré par la science, nous visons mal notre humanité parce qu’elle s’annonce à mi-chemin de deux perspectives adverses, et dont chacune, en réalité, paraît vraie jusqu’au bout.
Le rapport de l’homme à l’animal a rarement fait l’objet d’un examen philosophique rigoureux. La philosophie peut-elle se prévaloir, en cette affaire, d’une méthode axiologiquement neutre? Aura-t-elle quelque chose à nous dire d’aussi convaincant qu’une conviction morale, et qui sache ne pas se laisser intimider par elle?
Il se trouve en effet que nous ne savons dire cette origine qu’en des mots ou trop humains – l’homme comme être humain – ou trop naturels – l’homme comme animal humain. D’un côté l’humanisme donne tout à l’homme : la Pensée ou la Raison, la Socialité ou la Technique, autrement dit des qualités absolues, qui font d’emblée de l’homme un être hors nature ou métaphysique. D’un autre côté nous savons, par toute la science qui est aujourd’hui la nôtre, que nous sommes une espèce advenue et même tard venue dans l’histoire de la nature. Entre l’humanisme qui est spontanément le nôtre en tout langage, et le naturalisme avéré par la science, nous visons mal notre humanité parce qu’elle s’annonce à mi-chemin de deux perspectives adverses, et dont chacune, en réalité, paraît vraie jusqu’au bout.
Le rapport de l’homme à l’animal a rarement fait l’objet d’un examen philosophique rigoureux. La philosophie peut-elle se prévaloir, en cette affaire, d’une méthode axiologiquement neutre? Aura-t-elle quelque chose à nous dire d’aussi convaincant qu’une conviction morale, et qui sache ne pas se laisser intimider par elle?