Disparitions bucoliques
Illustrations de Gianni Burattoni
Coédition Gallimard/Musée de la Chasse et de la Nature
Parution
«J’ignorais où m’entraînait ce chemin qui serpentait dans la nuit pâle. Mon pas se perdait dans un profond silence que froissait parfois le vol d’un oiseau. Ce n’était pas vraiment la nuit mais plutôt un jeu complice entre ombre et lumière, peut-être l’effetto notte, comme l’appellent les cinéastes italiens.
Il me semblait reconnaître le paysage, du moins avais-je l’impression d’une intimité avec la nature qui m’entourait et dans laquelle je cherchais des indices qui me l’auraient confirmé. Je dis "je" car je me reconnaissais sur ce chemin, cette façon un peu maladroite de marcher en hésitant. J’hésite toujours. Je me reconnaissais, je reconnaissais ma silhouette, ma chevelure emmêlée, le mouvement de balancier plutôt disgracieux de mes bras, cette façon de regarder sans cesse à droite et à gauche, je reconnaissais tout, sauf le manteau. Je n’ai jamais eu de manteau rouge.»
Michèle Lesbre.
Il me semblait reconnaître le paysage, du moins avais-je l’impression d’une intimité avec la nature qui m’entourait et dans laquelle je cherchais des indices qui me l’auraient confirmé. Je dis "je" car je me reconnaissais sur ce chemin, cette façon un peu maladroite de marcher en hésitant. J’hésite toujours. Je me reconnaissais, je reconnaissais ma silhouette, ma chevelure emmêlée, le mouvement de balancier plutôt disgracieux de mes bras, cette façon de regarder sans cesse à droite et à gauche, je reconnaissais tout, sauf le manteau. Je n’ai jamais eu de manteau rouge.»
Michèle Lesbre.