Comme une odeur de nuit

Gallimard
Parution
«Un homme, jeune encore et doué d'une mémoire précise et cruelle, se souvient de ce que fut, jusque-là, son existence. Une enfance difficile. Ses faiblesses. Ses défauts. Ses fautes. Ses craintes. Un amour malheureux. La solitude qu'il a choisie. Un poème qu'il a tenté d'écrire. La mort autour de lui. Et survient cet accident en montagne dont est victime quelqu'un qu'il connaît à peine. Et c'est à la suite de cet accident qui pourrait lui rester indifférent, qu'il décidera d'essayer, s'il est possible, de changer sa vie.
Pour des raisons qui n'ont eu d'ailleurs rien de particulièrement littéraires, j'ai mis très longtemps à écrire ce livre. Et quand il s'est trouvé être écrit, j'ai hésité encore assez longtemps à le faire publier : peut-être parce qu'il aboutissait à une mise en doute des possibilités d'expression offertes par les mots. J'étais en tout cas très sensible à une contradiction que la publication m'aurait alors paru constituer avec le contenu même du texte.
Puis le temps s'est écoulé. Après avoir écrit Comme une odeur de nuit, j'ai repris le métier d'ingénieur qui avait été autrefois le mien. Préoccupé ainsi, tout au long de mes journées, par des questions techniques, c'est sans doute pour cette raison que j'ai senti s'émousser ce qu'avait pu être l'acuité de la contradiction dont j'ai parlé plus haut. Il m'a semblé qu'elle n'était pas si évidente, qu'elle ne pouvait avoir, en tout cas, rien de décisif. D'ailleurs, elle devenait lointaine, comme d'un autre âge, et j'ai donc résolu de laisser paraître ce livre qui, après tout, pourra peut-être, comme tant d'autres livres, trouver, lui aussi, ses lecteurs.»
Clément-Guillaume Solore.