Autour de l'Heptaméron
. Amour sacré, amour profane
Collection Hors série Littérature
Gallimard
Parution
Marguerite d'Angoulême, duchesse d'Alençon, puis reine de Navarre, demeure pour nous, malgré tant de travaux qui lui ont été consacrés,
l'une des plus irritantes énigmes de son siècle. Sœur passionnément dévouée du roi François, elle est d'abord la grande dame qui tient avec
éclat la cour de son frère, aux lieu et place de la reine Claude, qui se confine dans le petit cercle de ses femmes. Elle est mêlée aux grandes
affaires du règne, séduit les ambassadeurs, négocie avec les ministres, s'associe plus tard étroitement à la politique du roi de Navarre, son mari. Finalement, au soir de sa vie, riche d'expérience humaine, elle écrit un recueil de nouvelles, L'Heptaméron, que l'on inscrit toujours, traditionnellement, sur la liste des œuvres "gauloises" de notre littérature, – livre qui n'a pas peu contribué à créer l'image d'un
Renaissance truculente, débridée, pleine de rapts, d'assassinats, de poisons et d'adultères.
Cependant, cette Marguerite mondaine, conteuse de récits peu édifiants, est la même qui se place sous la direction d'un évêque mystique et réformateur, lui écrit de longues épitres pieuses, et compose ce grand poème mystique du Miroir de l'Âme pécheresse, qui assure en France cette tradition de lyrisme sacré qui chemine à travers notre littérature jusqu'à la Bonne Chanson de Verlaine.
Peut-on parler de "périodes", de "manières" successives chez Marguerite? Il n'y a pas apparences – car c'est au même temps qu'elle écrit le Miroir de l'Âme pécheresse, que Marguerite invente les devises païennes que le roi François grave sur les joyaux dont il orne ses maîtresses. Et, inversement, les contes "gaulois" de L'Heptaméron sont composés par une vieille dame profondément chrétienne, et qui utilise, pour narrer les histoires grasses de Bonnivert, la même plume que ponr faire deviser l'âme pécheresse avec son créateur. Singuliers contrastes, on l'avouera. Comment en rendre compte? Les interpréter, les rendre intelligibles, – c'est précisément l'objet de ce livre.
Cependant, cette Marguerite mondaine, conteuse de récits peu édifiants, est la même qui se place sous la direction d'un évêque mystique et réformateur, lui écrit de longues épitres pieuses, et compose ce grand poème mystique du Miroir de l'Âme pécheresse, qui assure en France cette tradition de lyrisme sacré qui chemine à travers notre littérature jusqu'à la Bonne Chanson de Verlaine.
Peut-on parler de "périodes", de "manières" successives chez Marguerite? Il n'y a pas apparences – car c'est au même temps qu'elle écrit le Miroir de l'Âme pécheresse, que Marguerite invente les devises païennes que le roi François grave sur les joyaux dont il orne ses maîtresses. Et, inversement, les contes "gaulois" de L'Heptaméron sont composés par une vieille dame profondément chrétienne, et qui utilise, pour narrer les histoires grasses de Bonnivert, la même plume que ponr faire deviser l'âme pécheresse avec son créateur. Singuliers contrastes, on l'avouera. Comment en rendre compte? Les interpréter, les rendre intelligibles, – c'est précisément l'objet de ce livre.