Franz-Olivier Giesbert nous parle de Voyage dans la France d'avant

« Je vous invite à un voyage dans la France d’avant, celle du XXe siècle que j’ai vécue en partie aux premières loges, comme journaliste, celle du redressement industriel et du triomphe de la variété française qui faisait chanter la planète avec Dalida ou Bécaud. Je vous emmènerai aussi dans l’histoire plus ancienne, de la Révolution de 1789 à la Commune de 1871, où se lisent déjà les traits distinctifs de notre caractère national et dont les graines continuent de germer. Avec toujours la même question lancinante : mais qu’attend donc ce pays merveilleux pour se réveiller ? »
Quelle est cette « France d’avant » évoquée par le titre ? Quels en sont les traits originaux ?
Pour conclure les trois tomes de mon Histoire intime de la Vème République, j’ai essayé de savoir d’où nous venons afin de mieux comprendre où nous allons. Tout en gardant mon regard personnel comme dans les livres précédents où je confrontais sans cesse les points de vue d’hier et d’aujourd’hui, je célèbre la France éternelle tout en essayant de déterminer les invariants de ce qu’on appelle le « mal français », d’abord au XXe siècle dont je suis un enfant mais en remontant aussi dans l’Histoire, notamment à la Révolution française, la Commune ou l’Épuration. Je parle de notre présent en explorant notre passé avec ses passions idéologiques, les haines hexagonales, le culte de la violence, qui perdurent à travers les époques.
D’où vient cette singularité française en matière de violence ?
La France est un pays monarchiste et régicide, qui ne s’est jamais pardonné d’avoir tranché la tête de Louis XVI. Patrie de la courtoisie, de l’art de la conversation, de ce qu’on appelle l’esprit français, nous sommes en même temps le pays qui a inventé la guillotine et s’est vautré au cours des siècles dans des passions idéologiques meurtrières, tandis que des historiens robespierristes osent encore nous faire aujourd’hui un récit de la Révolution à la gloire de la Terreur. Ne nous le cachons pas : il y a toujours une fraction du pays qui rêve de refaire 1793 ; dans ce Voyage de la France d’avant, il apparaît que la violence fait, hélas, partie du caractère national de la « douce France ».
Que nous reste-t-il encore de la France d’avant ?
Je suis obsédé depuis longtemps par une formule de l’historien Pierre Nora : « Nous assistons à la liquéfaction finale de la conscience historique des Français ». Voilà ce contre quoi mon Voyage dans la France d’avant entend lutter. Nous devons cesser de nous laisser aller au fil de l’eau en pensant que chaque jour est un nouveau jour. Il y avait au XXe siècle que j’ai vécu les mêmes mauvaises graines que celles qui germent dans la France d’aujourd’hui. « Ceux qui ne connaissent pas leur histoire, s’exposent à ce qu’elle recommence », disait Elie Wiesel.
Cet ouvrage vient à la suite de la trilogie Histoire intime de la Ve République, mais il est différent…
J’égrène mes souvenirs avec le même ton personnel que dans les tomes précédents mais, c’est vrai, j’ai élargi la focale : dans ce Voyage dans la France d’avant, je parle non seulement de la Vème République mais de la France éternelle, de son passé, de son destin.
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Oct. 25 • Mémoires • 9782073121547
Précédente parution : Histoire intime de la Ve République (3 tomes) • Folio n° 7384, 7434, 7536