«J'avais vu entrer dans le restaurant, à l'heure du dîner, une vieille femme un peu obèse, disgracieuse, laide et grotesque... Je pensais : cette femme, autrefois, a été jeune, élancée, jolie peut-être ; exempte en tous cas, de ces manières ridicules... Son cas est une tragédie. On pourrait, de la simple histoire de sa vie, faire un roman à fendre le cœur... C'est à ce moment que me vint l'idée du livre qui, finalement, devint mon Conte de bonnes femmes. Je décidai dans mon for intérieur que le livre où je me proposais de raconter l'acheminement d'une jeune fille vers la vieillesse déformée, devait être l'équivalent anglais du livre de Maupassant : Une Vie. J'ai été accusé de bien des défauts ; mais jamais on ne m'a reproché le manque de confiance en moi-même. Peu de semaines après, j'avais au surplus décidé que mon roman l'emporterait sur Une Vie, car on y verrait l'histoire, non d'une seule femme, mais bien de deux. Voici pourquoi mon Conte de bonnes femmes a deux héroïnes...»
Arnold Bennett.