«J'arrive dans ma chambre d'hôtel. J'ouvre l'annuaire du téléphone : c'est une Bible. Au restaurant, je commande du poulet avec une salade : c'est une salade d'abricots. Dans un jardin public, je me penche au-dessus du bassin pour y voir les poissons rouges : ce sont des crocodiles...»
Telles sont quelques-unes des surprises réservées au Français qui débarque pour la première fois aux États-Unis et qui s'y promène en simple badaud pendant quelques semaines.
Il y constate que, dans ce pays où l'électricité est reine, tout le
monde s'éclaire à la bougie à partir de six heures du soir ; que les sénateurs arrivent aux séances dans le petit train du Jardin d'Acclimatation ; que les dockers, une fois le travail fini, rentrent chez eux dans leur Buick ou dans leur Packard.
Yves Grosrichard a fait avec beaucoup d'humour cette découverte des États-Unis : un voyage à la diable, sans plan préétabli, qui l'a mené de Washington à San Francisco en passant par La Nouvelle Orléans, Dallas, El Paso sur la frontière du Mexique, Los Angeles et Hollywood, et en revenant par Denver, puis par Chicago – d'où l'avion pour hommes seuls (où l'on vous recommande de mettre de «bonnes petites pantoufles»), l'a ramené jusqu'à New York. En chemin, il a constaté que les juges fument la pipe en rendant la justice et que les banques font plus volontiers crédit aux chauffeurs de poids lourds qu'aux peintres en bâtiment ; que la poitrine des danseuses nues s'orne d'accessoires coquins ; que beaucoup de familles américaines pourraient être données en exemple ; que certains automobilistes lèvent la glace de leurs voitures pour ne pas être mordus par les piétons ; que les étudiants circulent à bicyclette ; que parfois le sucre en poudre est coloré en bleu pour ne pas jurer avec les rideaux de la salle à manger ; que les Américains boivent peu de thé et beaucoup de café ; qu'ils savent cuire la viande, que le steak est excellent et qu'on mange fort bien chez eux malgré la mayonnaise sucrée. Vous venez?