«La légende d'Hélène : une certaine idée de l'art mais aussi la conscience lucide que celui-ci est insuffisant, est porteur même, pour la société qui le prendrait au sérieux, de la fatalité de sa ruine. En vérité, avec cette grande pensée soutenue par un grand poème, ce fut comme si les Grecs avaient cherché à se prémunir contre leurs propres tendances. Dans l'Iliade ils s'avouent coupables d'opposer, dans leur existence même, un culte des formes intemporelles à une reconnaissance du temps vécu. Là est sans doute l'origine de leur recherche ultérieure de la sagesse, en marge aussi bien de l'art que de la métaphysique.
Et voici qui fait que l'on peut comprendre, devant le Retour d'Hélène, que cette réflexion continue. Que la vérité du temps - la vérité romanesque ? - demeure active là précisément où c'est le plus nécessaire : chez l'écrivain, qu'émeut la beauté, et parmi ses leurres.»
Yves Bonnefoy.