Je n'étais rien, mais on me soupçonnait d'être tout. Je n'étais qu'une ombre, mais une ombre que l'on courtisait dans l'espoir ou la crainte qu'elle ne prît de l'épaisseur.

Ainsi parle Maria Fitzherbert, celle qu'on appelait «la Rose de Richmond», l'une des figures les plus mystérieuses de l'histoire de l'Angleterre. Tout Londres chuchotait sur son passage : avait-elle épousé secrètement le papillonnant prince de Galles, le futur prince régent?
Du couvent de Paris où elle fut élevée, à cette maison de Brighton où elle mourut solitaire, des salons du Palais-Royal à ceux de Carlton House, Maria aura tout connu : l'amour, la fortune, la célébrité, mais aussi les scandales, la cruauté de la raison d'État, la trahison et l'oubli.
Dans ces mémoires imaginaires sur toile de fond historique – la Révolution française et les guerres napoléoniennes vues de Londres –, Béatrice de Boisanger n'a pas seulement brossé le portrait d'une inconnue au destin éblouissant et cruel. La Rose de Richmond est aussi le tableau coloré d'une Angleterre disparue sur laquelle on ne peut s'empêcher de rêver, celle des grandes luttes politiques dont les acteurs avaient pour nom : Pitt, Fox ou Sheridan ;
l'Angleterre des duchesses excentriques, des lords pleins de morgue, des premières courses de chevaux, des premiers bains de mer, du triomphe de la vapeur. Un royaume où, déjà, une presse impitoyable s'acharnait sur l'héritier de la Couronne.