«1940. À mon retour du stalag, j'avais connu l'allégresse du captif délivré de ses chaînes, courant et gambadant dans la vie retrouvée.
1945... Incivique, sans le sou, ma jeunesse à la dérive, j'avais tout de même, dans mes tribulations, de la chance. Une vie fichue, c'est toujours bon à prendre.»
Avec La Loi des vainqueurs (1940-1945), Willy de Spens nous raconte les années sombres qui continuent de hanter à ce point les consciences que l'on peut se demander si les Français ont vraiment la mémoire courte. Willy de Spens s'est dépouillé des artifices du mythe et de la légende, a atteint une forme supérieure de récit où le picaresque se mêle à une lucidité extrême. Ni héros, ni anti-héros, il ne cherche pas à offrir au lecteur son meilleur profil. Il ne craint pas les éclairages les plus cruels. Ni pour lui-même, ni pour les autres, anonymes ou illustres. Il fallait un écrivain de race pour restituer ainsi une époque en mêlant le détail de la vie quotidienne à une vaste méditation sur l'histoire.