Sur les marches, au-dessus de lui, un personnage se balançait, un peu indistinct, dans l'ombre :
«Tessa, dit-il vivement, est-ce Tessa ? Oh, c'est merveilleux ! Comme le temps m'a paru long !»
Elle avait l'air à peine réelle quand elle descendit vers lui. Il la saisit et lui tourna le visage vers les derniers rayons du soleil pour s'assurer que c'était bien elle. Très pâle, pareille à une ombre, elle semblait ne rien peser dans ses bras... Ce fut une longue étreinte, plus un adieu qu'un bonjour. Pour elle, un moment de souffrance, un écho obscur des temps passés. Pour lui, l'appréhension d'un changement, le pressentiment d'une perte, d'un chagrin.

La fragile Tessa, quinze ans à peine, aime en secret le compositeur Lewis Dodd, un élève de son père Albert Sanger, musicien anglais de génie. Mais Lewis ne voit en elle que la petite fille qu'il a toujours connue. Sur un coup de tête, il épouse la belle, riche et impérieuse Florence, pour s'apercevoir très vite que son mariage est un échec. Il réalise alors que la seule à vraiment le comprendre, la seule dont il ne peut se passer, c'est la jeune Tessa...
Publié en Angleterre en 1924 sous le titre La nymphe au cœur fidèle, ce roman a très vite connu un énorme succès. Traduit dans le monde entier, il a inspiré trois films à Hollywood et Jean Giraudoux l'a adapté au théâtre sous le nom de Tessa.