Maryse Choisy a passé un mois chez les financiers. Avec son sens aigu d'observation, sa franchise brutale, elle en a tiré un reportage-roman.
Pourquoi reportage-roman? «Parce que, explique-t-elle dans sa préface, ce reportage traite d'un domaine délicat où il est dangereux de dire toute la vérité. Il m'a fallu changer quelques noms, quelques dates, styliser quelques faits.»
Mais le lecteur devinera à travers les héros fictifs les personnages réels qui sont les rois du monde actuel. Aux trois catégories des financiers protestants (la puissance-honorabilité), des financiers juifs (la puissance-jouissance), des financiers catholiques ou ascètes (la puissance 100 % ou la puissance occulte), elle
oppose la catégorie des financiers-femmes (la puissance-amour).
Avec une touche balzacienne, Maryse Choisy a créé des personnages vivants, des archétypes qui resteront. Mais Le Veau d'Or est aussi un roman de foules dans le genre des romans de Dostoïewski ou de Zola. Ce qui est plus étonnant c'est d'y trouver cette patte virile qu'on n'attendait pas d'une femme.
Maryse Choisy s'est entièrement renouvelée dans Le Veau d'Or. Elle fait preuve de qualités mûries de composition, de style, de sobriété, sans toutefois perdre ce brio, cet entrain, cette sensualité, ce courage de révélations scandaleuses qui lui ont conquis un peuple de lecteurs.