Pourquoi, demande une phrase de ce livre, est-il encore question et besoin de poésie aujourd’hui ? Dans la perspective de cette interrogation, le livre se dispose en une triple configuration de poèmes, propositions, études.
Poèmes, la première partie, rassemble des textes dont beaucoup furent publiés dans les revues entre 1967 et 1969. Ce sont de plus longues laisses, à strophes libres, où se figure la hantise du monde.
« Un à un, chacun de nos orgueils les susciter dans leur antériorité, et voir. »
La deuxième partie consiste en propositions, celles d’une réflexion qui s’avance, en perte d’équilibre, à la jointure du poétique et de la poétique : le poétique, entendu au neutre comme la réalité dont il s’agit, n’est-il pas mis au défi sur ses limites par la philosophie, la science, la politique ? La poétique refraye ce domaine menacé.
Études, enfin : de Baudelaire, Lautréamont, Mallarmé — porches (non les seuls) de la modernité. La troisième partie repasse donc par ce commencement de la poésie moderne française pour mesurer l’arrogance qui, selon Mallarmé, en porte l’audace : « s'arroger, en vertu d’un doute — la goutte d’encre apparentée à la nuit sublime — quelque devoir de tout recréer avec des réminiscences… »

Figuration(s), se dit de l’ensemble des figurants : pour le poème, les choses surgissent, apparition selon une logique propre en ce milieu où tout fait figure. Tout recommence — « comme » les acteurs ressortent des coulisses pour le jeu sur la même scène ; comme la femme hors de son sommeil se montre à nouveau en se fardant ; comme le chirurgien peut oublier le verso du derme pour caresser encore une peau… — tout recommence parmi les figurants de l’être.
« Rien ne transgresse, dit le même poète, les figures du val, du pré, de l’herbe… »