Sur son roc, son trottoir, son lit, le poète arrache ses masques guerriers, se dénue, attend les Passages. À l'affût du désastre, le corpoème naît. Cris des baigneurs, vaisseaux de l'Autre Terre, tentations des sirènes et de la licorne, annonces de l'Éblouissement (hallucinogènes et fusées), sur les plages et les terrasses de l'Algérie nouvelle le Combat primordial s'arc-boute sur les mots : étreinte avec l'Ange (avec l'Homme). Plus qu'un mythe recharné, cette aventure iliaque, cet avant-corps jaillis du plus banal sont les prolégomènes d'un verbe réconcilié et d'une chair heureuse.
Ces poèmes sont aussi un Journal et racontent une histoire.
Avec ces trois recueils liés en un volume, après ses «Poèmes» présentés par Camus et Char en 1954 et une longue période d'engagement politique, Jean Sénac cerne son Île aux chardons vers une Terre possible.