Raymond Coudreau rôde dans Paris. Il devrait repartir pour Metz, où il faut qu'il rejoigne dans les deux jours son régiment d'incorporation. Mais...
Il se sent poursuivi, – cerné par la police. Sa conduite bizarre, ses paniques, attirent l'attention sur lui... On dirait que c'est un fuyard qui, peureusement, par lambeaux, évoque le passé.
Par exemple cette nuit où, à Gray-sur-Sèvre, sous-préfecture poitevine, Lucienne, sa maîtresse, lui annonça qu'elle épousait un avocat beaucoup plus âgé qu'elle : Maître Pagnoux ; celui-ci, jusque-là, avait eu une liaison avec une avocate, Mme Betty Frank, qui était sa secrétaire tant que Lucienne...
Coudreau s'enivre. Il cherche à se noyer dans ce Paris, cette Babylone, qui a toujours représenté pour lui la Ville de toutes les joies. Il rencontre une chanteuse de boîte de nuit, Nadiejda ; elle l'entraîne, cherche à lui faire raconter l'origine des 600 000 francs qu'il possède. Il se dérobe, préfère se replonger dans le souvenir de cette nuit de l'aveu de Lucienne... dans le souvenir de tout ce qui suivit cet aveu...
Au fond, depuis lors – un mois déjà ! – Coudreau n'a-t-il pas été un jouet autant qu'un acteur? Il se demande... Il interroge le passé, – il l'interrogera toute sa vie, avec la terreur de découvrir que peut-être Lucienne n'a jamais...
Oui : pour coupable qu'il fût, Coudreau n'a-t-il pas été aussi une victime?
Poursuites, rencontres, aventures, peurs, se succèdent dans ce grand Paris où le jeune homme tente éperdument de trouver une solution – une issue. Et, en se débattant contre tout ce qui le guette, il revit avec fièvre la série de drames qui l'a conduit à se terrer, avec la pleine conscience de ce qui l'attendra s'il est pris.
Roman d'amour. Roman de mœurs. L'auteur a créé un monde, un personnage, une atmosphère. La puissance et la force d'évocation de Serge Groussard ne s'étaient pas encore affirmées aussi pleinement.