Toute la pièce se déroule dans un petit appartement de H. L M. où deux époux vivent dans un huis clos quotidien. L'homme, un bureaucrate qui fait à domicile des heures supplémentaires afin de pouvoir s'offrir un jour le transistor de ses rêves, a par ailleurs la passion
des jouets de l'homme moderne. Il en commande sans cesse. Mais, après s'en être amusé un moment, il les jette à mesure dans un coin de la chambre où le tas des jouets abandonnés grandit.
La femme, elle, aime les robes, qui vont s'entasser dans un autre coin. Pour couper l'ennui des soirées trop longues, on invite parfois un couple d'amis, on écoute la radio.
Ainsi l'homme et la femme sont-ils reliés au monde extérieur où règnent les terribles dieux de la banalité moderne : informations politiques et sociales, naissance d'un prince, divorce d'une vedette, mariage d'un roi, publicité pour un produit d'amaigrissement, etc. La femme exige toujours davantage la présence des amis. L'homme fait de plus en plus d'heures supplémentaires. La cadence de plus en plus rapide obsède bientôt les deux personnages. Leurs désirs finissent par tuer en eux la notion du temps et de l'individualité. Et c'est l'absence même de drame qui crée petit à petit le drame véritable. L'enfer mesquin continuera de vivre.