L'Agression, c'est un affrontement entre deux mondes, entre deux groupes. Entre une bande de jeunes et la société. La cité est le terrain de leur lutte. Les adultes, nantis, «déguisés en adultes», l'esprit de sérieux plaqué au visage, s'expriment avec flegme, détachement, dans une langue recherchée, pour bien marquer la différence qu'il y a entre eux et les autres. Les jeunes, eux, luttent et se défendent avec leurs armes. Le blue-jean est une réponse au costume du dimanche. À la morgue hautaine des adultes, ils répondent par un langage qui leur est propre. Ils parlent crûment.
Tout concourt à faire entrer l'homme dans le cercle infernal des biens de consommation. On veut lui faire échanger son travail contre des objets coûteux et pas très utiles. Ces jeunes, inconsciemment, sentent qu'ils risquent d'être «piégés». C'est cette chute qui les effraie. La pièce les surprend dans un moment privilégié de leur vie. Ils ont encore la pureté de la révolte.