Les principaux personnages de ces cinq récits de Pierre Gascar sont des animaux : chevaux, fauves en cage, animaux de boucherie, rats, chiens et chat.
Il ne s'agit pas ici de bêtes en quête de l'homme et de sa protection, mais de bêtes affamées, préparées pour l'exécution, pourchassées, dressées pour le mal, etc. L'auteur nous dévoile un monde cruel où, derrière l'apparence familière de nos
«frères inférieurs», se revele un terrible malentendu, une damnation qui n'aura jamais de fin.
La grande originalité de Pierre Gascar, c'est de mettre en relief l'absence de communication entre l'homme et les bêtes. Laissant résolument de côté l'anthropomorphisme qui est presque de règle lorsqu'un écrivain prend des animaux pour héros de roman, il fait pénétrer le Iecteur – avec une intuition qui rejoint presque
toujours les constatations de la science – dans l'«univers griffu» ténébreux et tragique que peuplent les bêtes : c'est avec un accent déchirant et nostalgique, et dans des tons sulfureux, que nous est dépeint cet enfer animal.
Ce qui ressort de cette confrontation inégale qui pose l'homme en face des animaux ligués dans leurs secrets, c'est finalement la solitude, l'immense solitude de l'homme dans la création.