«Après avoir donné, durant plusieurs années, dans la facilité, le romancier Jacques Amaut effectue une sorte de conversion littéraire, et décide de réaliser la "grande œuvre" qu'il avait esquissée jadis, à l'époque de son adolescence, dans son Traité du Roman. Ce Traité, – qui est achevé et que nous publierons au début de l'année I934, – passait, passe en revue les principaux esprits, les principaux thèmes et les principaux styles inédits qui pourraient être employés dans une œuvre romanesque. Arnaut donc, maIgré la résistance de sa femme et de son ami le romancier Julien Michalet, mais encouragé par un autre de ses amis, l'architecte Robert Sourain, et par la plus jeune de ses
deux filles, Colette, veut entreprendre une espèce de Somme romanesque, c'est-à-dire une suite de romans dans lesquels il se propose d'utiliser tour à tour quelques-uns des esprits, des thèmes et des styles les plus originaux, les plus sincères et les plus personnels, de son Traité du Roman. Sans trop tarder, il se met à la besogne et le lecteur assiste aux nombreuses vicissitudes de son existence d'écrivain, et surtout aux efforts que Jacques accomplit pour réaliser les esprits et les styles qui abondent en lui-même.
Des six premières œuvres de cette Somme, opposées, nous venons de le dire, par leur esprit, leur thème et leur style, cinq se trouvent résumées dans le présent
volume sous la forme de contes rapides, qui donnent une idée assez fidèle de la variété, de la multiplicité intérieure de Jacques Arnaut : "Folie", "Haine", le "Journal d'un faible", "Amours", "Sagesse".
Et l'on assiste également aux réactions que ces livres provoquent dans
entourage de Jacques, l'on assiste à maint épisode de sa vie de famille, on est témoin de ses relations avec les éditeurs ou les critiques, l'on comprend ou devine les innombrables liens qui le rattachent à toute l'histoire littéraire, – car la plupart des écrivains de notre temps défilent à l'arrière-plan de ce livre, accompagnés, si l'on peut s'exprimer ainsi, de quelques-uns des écrivains inédits que tels ou tels d'entre les premiers nous invitent à imaginer.
Au même titre que Le crime d'Alexandre Lenoir (roman d'un moraliste), ou que Est-il sage, est-il fou? (roman d'un savant), ce roman d'un artiste est donc un roman d'aventures intellectuelles, à la fois originales, vivantes et concrètes, se déroulant dans le décor de la vie spirituelle de notre temps.»
Léon Bopp.