Dans cet ouvrage, le dessein de l'auteur est avant tout d'évoquer un Proudhon vivant, tel que les Carnets et la Correspondance le révèlent. Proudhon s'est toujours tenu proche des valeurs essentielles et pour lui la morale sociale a ses racines dans la conscience personnelle. En même temps, il ne se détourne pas de l'actualité et de ses incidents, dont il cherche à saisir
le sens plus lointain. Il est sensible à l'événement parce que sa pensée ne se forme pas dans l'abstrait. On se ferait de Proudhon une idée inexacte si l'on voulait amollir les lignes fermes de son visage. Il nous est fraternel parce que tout au long de son existence, il s'est posé la question qui aujourd'hui nous étreint : l'homme doit-il se soumettre à une destinée collective et fatale – ou bien la conscience pour rester vivante exige-t-elle impérativement l'indépendance de la personne?