Sur les trois enfants d'un jeune ménage, l'un d'eux est atteint d'une malformation congénitale. À peine visible à sa naissance, elle ne tarde pas à s'accuser jusqu'à rendre, en quelques mois, cet enfant difforme.
Une première intervention chirurgicale est tentée, sans espoir de réussite de la part de ceux qui l'entreprennent. Brusquement la mère entrevoit la vérité : chirurgiens et infirmières sont sûrs que, si son enfant ne meurt pas, il n'échappera pas à son destin. Un geste à peine esquissé, et elle pourrait le laisser mourir, l'empêcher d'être un infirme, un exclus. Mais son instinct se révolte. Elle veut qu'il vive!
Et parce qu'elle a voulu qu'il vive, fût-ce au prix de son martyre à venir, elle se battra pour sa vie. Elle la risquera autant qu'il le faudra. Elle affrontera avec lui toutes les souffrances. Elle apprendra à l'aimer d'amour, à l'aimer plus que son amour, et à faire de lui un homme. Un homme comme les autres.
Ce qui frappe dans ce livre, c'est le refus de la pitié, de cette pitié «inefficace et geignarde qui poisse le corps et l'âme et, mieux que toutes les prisons, isole du monde».
À une telle pitié, faite de faiblesse et du plus malsain des égoïsmes, pitié tellement inutile et morbide, l'auteur oppose l'apprentissage d'un amour qui consiste non pas à s'aimer en l'autre, mais à se vider de soi pour recevoir l'autre, et dont la force, dépassant l'égoïsme, devine et évoque les forces de l'autre.