Ce recueil permet de classer James Purdy parmi les maîtres américains de la nouvelle. Dès les premières lignes de chaque histoire – elles sont toutes très courtes – apparaît un monde insolite où évoluent deux ou trois personnages victimes de leurs manies, parfois risibles, de leurs obsessions, de leurs angoisses.
Dans Couleur de ténèbres un homme jeune, abandonné par sa femme, cherche à retrouver la couleur de ses yeux. En face de lui son fils unique le surprend par ses réactions de révolte et de violence.
Au cour d'un déjeuner un mari, obsédé par le souvenir d'un après-midi passé sur la plage, raconte à un de ses amis comment sa femme a excité sa jalousie en regardant tout à son aise deux de ses collègues de bureau s'exhibant en athlètes.
Une femme qui n'a jamais pu s'habituer à porter le nom de son mari lui fait une scène un jour où elle a un peu trop bu pour qu'on ne l'appelle pas par son nom.
Au cour d'une veillée deux femmes noire racontent leurs chagrins : le fils de l'une est mort et le fils de l'autre a abandonné sa famille pour vivre chez les Blancs.
Pourquoi ne peuvent-ils pas dire pourquoi? se demande un petit garçon malade qui passe ses journées à contempler les photos du père, qu'il n'a pa connu, malgré l'interdiction de sa
mère qui menace de le faire enfermer dans un asile psychiatrique.
Mari et femme se livrent à un étonnant dialogue : l'homme humilié, n'ayant aucune confiance en lui, cherche du réconfort auprès de son épouse.
Pendant un court instant une veuve de guerre, que la mort de son mari avait laissée indifférente, se trouve plus proche de lui qu'elle n'a jamais été à travers les commentaires d'une de ses amies. (Vous saisissez votre chapeau.)
Par le Bruit de ses paroles une femme essaie de calmer la souffrance de son mari impotent en essayant de le distraire.
Une bonne femme gourmande s'empiffre de glaces chez le
pâtissier, mais refuse de tromper son mari pour régler ses dettes.
L'atmosphère orageuse d'une famille en vacances, qui est
exaspérée par le côté coupant des propos de leur fils unique.
Le Palais des rêves, qui termine ce recueil, est une longue nouvelle. Dans une sordide maison de la banlieue de Chicago, deux orphelins attendent quelqu'un qui leur avait promis de
les aider après la mort de leur mère. L'aîné, Fenton, est tenté par le mirage de la vie facile que lui offre une vieille femme riche, le petit frère attend toujours le secours promis par ailleurs. Fenton, accablé par la pauvreté, finit par se débarrasser de son petit frère et le tue.