Qu'un homme comme Albert Gibelin, simple caissier d'une grande banque, se mette tout d'un coup à faire des dépenses exagérées, qu'il mène une vie d'apparence luxueuse, couvre sa fille de robes et de bijoux et aille même jusqu'à la faire monter à cheval au Bois, il y a là, comme on le pense, de quoi autoriser tous les soupçons. L'explication de telles largesses est facile à donner, trop facile même, pensent les voisins et les collègues de l'intéressé. Et ils ne se font pas faute de la répandre alentour. Sa femme même, qu'il a laissée en dehors du mystère, se joint à ce chœur malveillant.
Bientôt alertés, les directeurs de la banque ordonnent une enquête. Les livres de Gibelin sont examinés secrètement, sa caisse vérifiée sans qu'on parvienne à relever aucune preuve contre lui. C'est que la vérité profonde n'est pas là. On perd son temps à la chercher dans l'origine d'une prospérité entièrement régulière ainsi que le lecteur le verra bientôt. Elle se dissimule en de secrets desseins, parmi des projets qui font apparaître sous le masque banal de l'employé, les traits insoupçonnables d'un chasseur de chimères. C'est là que sont les véritables «clefs de la caisse». C'est dans cet univers de songes que le héros de cette aventure possède et dénombre inlassablement son trésor.