L'homme du Brésil

Un roman d'évasion et dont l'originalité consiste à déceler ce besoin d'évasion chez un individu moyen au lieu de recourir, comme cela fut fait déjà trop souvent, à quelque analyse psychologique d'un être d'exception.
Julien Clément, un petit employé, a été jadis abandonné par sa femme qui partit à l'improviste, emmenant avec elle leur fils encore tout enfant. Depuis, plus de nouvelles. Trente-cinq ans ont passé. Sur ce fait-divers banal l'homme trahi a conçu une vie imaginaire. Remarié, père de deux enfants, il ne s'intéresse guère à sa nouvelle famille. Un seul être compte pour lui, c'est Ie fils ravi jadis qui, pense-t-il, a survécu, et qu'il faut retrouver à tout prix. C'est à ce moment que nous voyons apparaître «l'homme du Brésil», un grand banquier, venu de Rio de Janeiro et apparu depuis dix ans dans le monde de la finance sans que personne connaisse ses origines. Il s'appelle Clément, comme Julien, il a l'âge qu'aurait aujourd'hui le fils recherché. N'est-ce qu'une similitude de noms? Julien ne veut pas le croire et, poussé par un fol espoir, il engage des recherches qui vont bientôt déchaîner les catastrophes les plus imprévues dont la ruine morale d'un homme sera la pire conséquence.
Autant que par l'exposé de ce cas pathétique, le livre vaut par une peinture ironique et décisive des milieux de bourse et de presse financière.
Qu'on se souvienne que cette veine est particulièrement heureuse chez Robert Bourget-Pailleron et que le récit des luttes politiques au village fut une réussite remarquable dans Champsecret.